Cette afghane a été lynchée en public pour avoir parlé à un homme au téléphone

Il n'a fallu que 80 secondes à deux hommes pour faire pleuvoir 40 coups de fouet sur la femme recroquevillée sur ses genoux, sous le regard d'une foule nombreuse. La vidéo montrant la sentence brutale infligée à une femme afghane a été filmée près de Herat et publiée sur Facebook le 13 avril. Elle constitue un rappel douloureux de la poursuite des activités des "tribunaux" talibans, bien qu'ils aient été interdits. Pour cet observateur de France 24, elle symbolise également l'échec du gouvernement afghan.

Selon les sources, ces images datent de la fin de l'année 2020, mais il n'a pas été possible de déterminer la date précise de l'incident. Cette fourchette de dates a été confirmée par le gouverneur de Herat le 15 avril. La vidéo a d'abord été mise en ligne le 13 avril, suscitant un choc et une indignation généralisés. L'incident a eu lieu à Haftgola, près de Herat, dans le district d'Obe.

Un homme à la barbe blanche conduit la femme, qui est couverte d'une burqa, au centre d'un cercle formé par des hommes de la région qui sont là pour assister à l'exécution de la punition. L'un des "juges" talibans conduit la victime au centre d'un groupe d'hommes.

Après avoir conduit la victime au centre du cercle de spectateurs, l'homme à la barbe blanche rejoint trois autres hommes dans le cercle. Ce sont les "anciens", les juges autoproclamés qui ont prononcé la sentence de la femme. 

La victime est forcée de s'agenouiller et un homme commence à la fouetter. Au bout d'un moment, un autre homme prend le relais. Entre les cris de douleur de la victime, on peut l'entendre dire : "Je me repens... c'est ma faute... j'ai déconné".

Selon nos sources, cette jeune femme a été accusée de "relations immorales" parce qu'elle a parlé au téléphone avec un jeune homme. L'homme a également été arrêté et est détenu dans une prison talibane. 

Le tribunal taliban se réunit trois fois par semaine dans le district d'Obe, les mercredis, jeudis et vendredis. Ils traitent les plaintes déposées par les habitants. Selon nos observateurs, ce système existe presque partout en Afghanistan. Parfois, des vidéos des punitions infligées par ces tribunaux émergent sur les médias sociaux ou les médias locaux.