Incursion rebelle : ‘’ Ce qui arrive au Tchad va arriver singulièrement au Cameroun ‘’
Au Tchad, un premier affrontement au sol a eu lieu,
samedi 17 avril, entre les forces loyalistes et les rebelles du Front pour
l'alternance et la concorde au Tchad (Fact).
En pleines élections présidentielles, le mouvement rebelle armé est entré en territoire tchadien en
provenance de Libye, le 11 avril, avec pour objectif de chasser Idriss Déby du
pouvoir.
Dans une tribune publiée ce dimanche 18 avril 2021, Dieudonné Essomba transpose
ce chaos au pays de Paul Biya, et prédit le pire.
Lecture.
C’est simple : c’est parce tout le pouvoir s’y trouve ! Dès
lors que tout le pouvoir se trouve concentré entre les mains d’un seul individu
qui gère tout l’argent du pays à partir du Palais, comment voulez-vous qu’il ne
concentre pas toutes les jalousies, toutes les incompréhensions et toutes les
haines ?
IDRIS DEBY lui-même avait promis de disperser ce pouvoir
monstrueux dans les Régions, en faisant du Tchad un Etat fédéral. Cela
permettait par la même occasion de disperser la demande sociale, et de la
sous-traiter par les Etats régionaux, avec l’encadrement stratégique de l’Etat
central.
Comment peut-on, dans un pays aussi pauvre que le
Tchad, entretenir un système qui concentre les frustrations de tous les
segments de la société sur le seul Président de la République, et croire un
seul instant qu’on peut maintenir une stabilité à long terme ?
Les centres de santé qui ne marchent pas, c’est le
Président ! Les instituteurs ne sont pas recrutés, c’est le Président ! Il
n’y a pas d’eau dans un village, c’est le Président ! Les tables-blancs
manquent à l’école, c’est le Président ! Tout, c’est le Président ! C’est
absolument monstrueux, cette prétentieux idiote de nos dirigeants de contrôler
tout !
Alors même que 60 ans d’histoire africaine n’ont montré
nulle part le moindre succès de cette obsession du pouvoir centralisé et
absolu, nos dirigeants n’ont jamais compris qu’un Chef d’Etat, ce n’est pas un
Messie destiné à soutenir la Croix de la Nation, mais un haut cadre de
l’administration publique, en charge d’un secteur d’activité qui est la
gouvernance stratégique de l’Etat.
Il n’a pas à développer la folle prétention à porter sur son
dos tout et n’importe quoi, y compris les latrines dans une école de la brousse
!
En parlant du Tchad, je veux également parler du Cameroun,
de la Centrafrique, du Mali, de la Côte d’ivoire et de tous ces pays dans
lesquels les dirigeants se prennent pour des divinités magiques et non de hauts
fonctionnaires. Cela ne peut rien de bon.
Ce qui arrive au Tchad va arriver dans tous ces pays, et
singulièrement au Cameroun, où cette perception du pouvoir atteint un niveau
caricatural. Il faut aller au fédéralisme pour mettre fin à l’instabilité
génétique de tous ces pays.
Dieudonné ESSOMBA