Kondengui : Du fond de sa cellule, Bibou Nissak fait de terribles révélations sur la Covid et accable Paul Biya !
Le porte-parole du
MRC fait de nouveau parler de lui suite à l’affaire de mauvais traitements dont
il aurait été victime en prison.
Dans une récente sortie incendiaire, il fait de fracassantes révélations sur
les conditions de détention inhumaines à la prison de Yaoundé Kondengui, en
cette période de pandémie.
Dans une tribune
rendue publique ce lundi 19 avril 2021, l’allié de Maurice Kamto incarcéré à la
prison centrale de Yaoundé, met à nu les supplices endurés par les détenus
camerounais.
Olivier Bibou Nissak a ainsi haussé le ton pour dénoncer les exactions du
régime de Paul Biya, qui sont en train de faire des victimes dans les centres
pénitentenciers.
Lea-camer vous
propose l’intégralité de sa sortie :
Déclaration de Olivier Bibou Nissack
« Il faut dire que la Prison centrale de Yaoundé-Kondengui
est un miroir grossissant du Cameroun. Elle est en soi un concentré de nos
qualités et de nos défauts au plan sanitaire. Ce que je dis ici au sujet de ce
pénitencier vaut tout autant d’ailleurs pour toutes les autres prisons dans
lesquelles se retrouvent ou non les détenus politiques du Mrc. Ici à Kondengui,
à quelques exceptions notoires près, je dois avouer tout de go que malgré la
bonne foi indiscutable du personnel de santé en particulier, et en général de
l’essentiel des administrateurs et gardes de prison, je n’ai pas le sentiment
de façon empirique que les allocations nécessaires en ressources humaines,
matérielles et financières sont suffisamment dégagées pour permettre une prise
en charge efficiente et efficace de la riposte anti Covid19 dans la prison.
D’abord nous sommes ici ordinairement en situation de
surpopulation carcérale, à savoir dans une prison conçue pour accueillir moins
de 1000 personnes pour les.uns et moins de 1500 personnes pour les autres, mais
qui est aujourd’hui constituée d’une population de plus de 3000 personnes.
C’est ahurissant !! Cependant cela donne une idée de la promiscuité et du taux
de contamination ou de propagation potentiellement élevé de Covid19 dans le
pénitencier. Au vue de la surpopulation carcérale qui est celle de la prison
centrale de Yaoundé-Nkondengui, c’est en soi une bizarrerie que de parler
encore d’une « infirmerie de la Prison Centrale » là où en réalité on
devrait parler sinon d’un « hôpital » équivalent à celui « de
district », ou alors tout au moins d’un CMA (Centre Médical
d’Arrondissement).
La conséquence est l’existence en quantité totalement
insignifiante de lits d’hospitalisation, de matériel médical divers et de
personnel. Le personnel de santé exerçant dans de telles conditions relève du
giron de l’héroïsme et du miracle sanitaire permanent.
Des mesures et d’autres ont été prises dans la prison.
Pour symboliques qu’elles soient, elles sont pourtant loin
de suffire hélas. Par exemple tous les nouveaux détenus qui arrivent font
l’objet d’une mise en quarantaine suivie d’un test Covid19, avant toute
affectation dans un quartier de la prison pour résidence. Un bon point. Autre
bon point, c’est qu’il existe un espace dédié de mise en quarantaine. Bon point
encore, est le fait que chaque cas suspect, de détenu en consultation ordinaire
à l’infirmerie, donne lieu à un test quasi systématique Covid19; tests parfois
étendus aux camarades de cellules des cas positifs. Ces mesures sont à
féliciter et à encourager car de nombreux cas de Covid19 ont ainsi pu être
détectés et envoyés en traitement à l’extérieur.
Par contre, là où le bât blesse, c’est que la salle dédiée
principalement à la quarantaine est sommairement aménagée avec uniquement des
seaux poubelles faisant office de latrines à ciel (plafond) ouvert. On y dort
donc à même le sol et fait sans la moindre intimité ses besoins, au vu et au su
de tous, dans la même pièce où tout le monde s’alimente et dort. C’est
tellement répugnant que durant notre quarantaine j’ai pris soin, dans cette
salle bondée, de ne quasiment pas m’alimenter afin d’éviter d’éprouver le
besoin d’aller au petit coin. D’ailleurs comment trouver l’appétit dans une
telle ambiance de recul d’humanité ?
En quarantaine donc, la promiscuité y est la règle et
l’insalubrité le principe. On assure certes, et uniquement sur le principe, l’obligation
d’observance de la quarantaine mais dans quelles conditions hygiéniques et
sanitaire ? En outre, les détenus déjà dans la prison depuis la survenue de la
vague actuelle de Covid19 n’ont pas fait l’objet de tests Covid19 à l’échelle
de la prison.
La situation exacte et les proportions de la présence du
Covid19 ne peuvent donc être décrites avec précision par qui que ce soit. C’est
ainsi par exemple que certaines indiscrétions font état de ce qu’il y a
quelques semaines tout juste, le dernier contingent de prisonniers transférés
de la Prison Centrale de Nkondengui pour la Prison de Yoko aurait donné lieu à
la détection de plus d’une dizaine de cas de Covid19 après tests effectués sur
les prisonniers à leur arrivée. Or ces prisonniers vivaient en toute liberté
ici parmi nous.
Comment en l’absence d’un test général de l’ensemble des
détenus savoir combien ont-ils contaminé et comment et par qui ont-ils été
contaminés durant leur séjour carcéral ici ? Qui plus est, s’il est pris en
compte dans le dépistage les cas suspects du fait des symptômes que présentent
ces cas, quid des cas asymptomatiques ? Un jeune est mort brusquement il y a
quelques jours. Qui sait si cette mort-subite n’était pas liée à un covid 19
asymptomatique ?!!! Avec cette seconde vague de Covid19 un test général des
détenus afin de pouvoir ainsi enrayer la chaîne de contamination en isolant
pour traitement général les personnes infectées n’est-il pas indispensable ?
Une désinfection générale de la prison n’est-elle pas imaginable ?
Faut-il continuer comme c’est le cas à présent de faire des
rotations de navettes prison-parquet(tribunal) en surchargeant comme de coutume
les véhicules alloués à cette tâche ? Ne faut-il pas multiplier les navettes en
fixant des quotas ou des paliers par voyage, de la prison au parquet et du
parquet à la prison dans le respect d’un minimum de distanciation ? Et
d’ailleurs est-il humain de transporter ordinairement les prisonniers et les
garde-prisonniers parqués comme du bétail et ce y compris souvent dans des
camions non aménagés pour le transport des personnes humaines ?!!
Actuellement, dans un camion de transport affecté aux
navettes prison-parquet, aussi bien les détenus dans leur section, que les
gardiens dans la leur, sont debout sans aucun support d’appui, agglutinés les
uns aux autres, et ballottés entre eux tout au long des trajets. Ceux qui se
retrouvent dans les « cars Hiace », bien qu’assis, n’en mènent pas
plus large pour autant, puisque ces détenus se retrouvent surchargés avec les
gardes en rangées de cinq sur des banquettes déjà ordinairement réservées pour
quatre. Toutes choses qui en période Covid19 sont précisément l’exemple de ce
qu’il ne faut surtout pas faire.
La surcharge ce n’est pas exactement ce qu’on peut décrire
comme étant un geste(mesure)-barrière et ceci avec ou sans trait-d’union entre
les mots !! Dans un tel contexte seule la providence explique que des
hécatombes Covid19 ne soient pas encore observées dans la prison.
Plus grave, il a été pris des mesures dont le bien-fondé est
difficilement compréhensible. En effet le droit inaliénable des visites à fait
l’objet d’une violation inadmissible en donnant l’impression que Les visites ne
s’harmonisent pas avec la prise en compte des mesures-barrières. Résultat des
courses on a supprimé les sièges et bancs et les prétendues visites ont été
ramenés à des exercices de passage de témoin. On arrive on prend son repas, ou
alors on salue tout juste son visiteur, et on repart … cela ne se comprend pas.
Pourquoi écorner le principe des visites plutôt que de veiller à sa sauvegarde
par une observance draconienne des mesures-barrières ?
Pourquoi ne pas simplement établir un calendrier, à titre
exceptionnel et crise sanitaire oblige, qui rallonge de deux ou trois jours les
visites en les réglementant en fonction ou des quartiers où alors de la moyenne
habituelle des visites ? Un rallongement de jours garantirait une division
réglementée par deux du volume de visiteurs. On aurait ainsi une plus grande
certitude de respect minimal des mesures-barrières de distanciation durant des
visites qui désormais se feraient exceptionnellement 6 jours/7 jours de la
semaine, mais en fonction des quartiers où alors tout simplement d’un
calendrier se fondant sur le volume des visites usuelles.
On pourrait donc avoir les visités du premier palier, celui
de ceux recevant leurs visites aux jours habituels de Mardi, jeudi et dimanche.
Le deuxième palier serait constitué, des jours supplémentaires affectés
exceptionnellement aux visites durant le temps que sévit la pandémie Covid19. À
défaut pourquoi ne pas simplement garder les visites aux jours établis, mais
prendre le soin de multiplier par trois ou quatre le nombre de bancs ou de
sièges dédiés aux visites ? Cela permettrait donc d’éviter de violer un
principe de visites qui est non seulement un droit inaliénable pour les
détenus, mais aussi un élément de régulation social puissant agissant
positivement sur le moral des détenus.
Ce moral dont la détérioration du peu que j’en ai appris
ici, a souvent été le départ de situations graves et incontrôlables dans la
prison. Idéalement une part de ce qui est ici suggéré comme mesures en formes
d’interrogations, aurait parfaitement pu être le produit par exemple de fonds
Covid19 alloués au département ministériel en charge des prisons, à savoir le
Minjustice.
Il y aurait beaucoup à dire et redire sur cette question,
mais le format présent ne permet hélas pas d’aller plus loin pour des besoins
de concision. Il est en effet difficile de se montrer exhaustif sur cette
question puisqu’en filigrane elle renvoie plus largement à la politique de
santé publique en milieu carcéral. Chose quasiment inexistante dans notre Pays,
dont il est bien connu qu’il est en soi un désert de politiques publiques
sectorielles. Or en cette matière, ceux qui récoltent le feu des critiques car
en front-office, le personnel carcéral et en particulier celui dédié à
l’infirmerie, ne sont pas toujours, loin de là, les responsables de ce qui
dysfonctionne. Je ne pense pas que la prison lance des appels d’offres en vue
de son remplissement.
Ceux qui remplissent en vain les prisons depuis les
tribunaux doivent prendre leurs responsabilités, car en laissant aller à
vau-l’eau cette institution hautement sensible qu’est celle judiciaire, par une
administration suspecte et douteuse, le corollaire en est la surpopulation
carcérale. Or cette surpopulation est un danger réel et un catalyseur objectif
de propagation de la Covid19. La sortie du Président Élu Maurice Kamto sur
cette question il y a peu, résonne avec une force accrue. De toutes les façons,
rien ne permet de comprendre que des personnes poursuivies ou simplement
prévenues dans le cadre d’infractions bénignes se retrouvent en détention
plutôt que soumises à d’autres types de pénalités, ou alors que celles
présentant les garanties légales exigées ne puissent bénéficier des procédures
en habeas corpus. Rien aussi ne permet de comprendre que nos prisons soient
majoritairement pleines de prévenus non encore définitivement jugés, alors que
la liberté, judiciairement parlant, est consacrée comme le principe et sa
privation l’exception. Au Cameroun injuste de Paul Biya, il y a belle lurette
que ce principe a été dévoyé et inversé, puisque dorénavant c’est
l’emprisonnement le principe et la liberté l’exception.
Il est tout autant curieux de trouver dans les prisons des
personnes victimes des errements de certains juges pouvant valablement
concourir pour le prix de quincaillier de l’année, mais assurément pas pour
celui de Magistrat !! De fait, au-delà d’une justice qui dysfonctionne, il y a
plus grave encore, celle qui condamne ou retient captif l’innocent pour des
raisons politiques ou en soumission aux pouvoirs d’argent voire du fait de
toutes sortes de trafics d’influence abjectes. Je vois ici à Kondengui des gens
accusés pour des motifs fallacieux dont certains responsables de la justice
camerounaise inféodés au Régime-injuste Biya, ne peuvent nullement ignorer le
caractère grotesque.
Cependant Etoudi regarde et laisse prospérer cette incurie
de certaines strates d’une justice injuste entre les mains de personnes usant
dans certains cas de méthodes de truands. Manœuvres « magistralement »
mafieuses, en vue de satisfaire des desseins inavoués en rupture de ban avec
l’intérêt général et celui de la justice. C’est une honte nationale ! Or il
faut mettre tout ceci en lien avec la réflexion à laquelle j’invitais les
lecteurs de votre journal plus haut, à savoir quelle est la place que la
méchanceté occupe dans le projet politique de Paul Biya. Oui ces choses
traduisent le peu de considération que l’illégitimité régimephoto Biya accorde
aux vies et personnes humaines.
Quelle est la valeur d’un système judiciaire et carcéral
dont l’un des buts est aussi la réhabilitation par la réinsertion sociale
(resocialisation) post-carcérale, si ce système est en lui-même aussi méprisant
de la vie humaine et autant affranchi des règles sociales, de celles de droit,
et celles de simple humanisme ? Comment resocialiser quand l’outil de
resocialisation déshumanise, est déshumanisé en soi, et est asocial en soi ? Ce
système, fidèle aux travers du Renouveau de Paul Biya, ne soigne donc pas la
société, au contraire il en accroît les travers en les exacerbant !!!
Si le système veut punir des comportements asociaux en étant
lui-même asocial quel résultat pouvons-nous en attendre ? Aucun de bon en tous
cas!!!
Au fond et pour vous répondre une bonne fois pour toute, la
Covid19 n’est pas une nouveauté au Cameroun, socialement parlant, elle a une
figure tutélaire et un véhicule promotionnels. La première se nomme Paul Biya
et le second se nomme le Renouveau, tous deux socles granitiques de
l’illégitime régime-photo Biya. Une Covid19 originelle ».