Graves révélations ! Essomba dénonce l’octroi scandaleux de 63 000 hectares de terrain à un homme d’affaire au Cameroun !
Dans une tribune
ouverte, l’ingénieur statisticien s’est prononcé sur l’affaire des 63 000 hectaires
prétendument octroyés à un baron de l’exploitation cacaoyère au Cameroun.
Pour Dieudonné Essomba, heurte non
seulement les intérêts de la Communauté-hôte, mais est par-dessus tout est
antagonique à la sociologie camerounaise.
D’après certaines rumeurs qui prennent de plus en plus de l’ampleur
dans les médias et sur les réseaux sociaux au Cameroun, 63.000 hectares dans la
Vallée du Stem, région du Sud, auraient été donnés à un puissant homme d’affaire.
Face à ce scandale, Dieudonné Essomba a partagé son analyse relative à cette affaire, et dénonce la répartition ainsi faite des ressources du pays.
Afripulse vous propose in extenso la sortie de l’expert :
‘’ LES 63.000 HECTARES DU SUD : TEL EST PRIS, QUI CROYAIT
PRENDRE !
Si on en croit les rumeurs, un homme d’affaires qui a
installé une usine de transformation du cacao à l’Ouest aurait bénéficié d’une
concession d’exploitation pour créer une cacaoyère de 63.000 hectares dans la
Vallée du NTEM, dans la Région du Sud.
Pour un spécialiste des projets, de l’analyse stratégique
et du jeu des acteurs, une telle information est d’autant plus étonnante
qu’elle ne correspond absolument à rien d’un projet cohérent et faisable.
En premier lieu, il heurte les intérêts de la Communauté-hôte.
Tout le monde le sait, les Ekang produisent le cacao qu’ils exportent, presque
en totalité et ce cacao connait souvent des fluctuations de prix très
préjudiciables pour les exploitations. L’annonce de cette usine a plutôt été
vécue comme un soulagement, avec la perspective d’un débouché intéressant qui
pourrait soutenir les prix, et des perspectives d’augmentation de la
production.
Mais voilà ! Alors que les cacaoculteurs expriment leur
joie, voilà qu‘on nous dit que ce propriétaire d’une usine aurait bénéficié
d’une concession pour produire lui-même le cacao dans la Valée du NTEM !
Autrement dit, il développe le projet d’exproprier leurs terres pour produire
le cacao qu’ils produisent déjà !
En second lieu, il est antagonique à la sociologie
camerounaise, où l’hypothèse d’une occupation massive d’une terre dans une
autre Communauté est une impossibilité pratique. Quand les étrangers viennent
prendre des concessions, ils signent un certain nombre d’engagements avec les
populations riveraines portant notamment sur les équipements sociaux et
surtout, la primauté sur l’emploi. A quoi s’ajoute aussi, l’engagement qu’ils
ne se mêlent pas de la vie politique locale et ne peuvent se présenter comme
des concurrents sur des enjeux politiques locaux.
Bref, qu’ils soient strictement des étrangers et se
limitent à leur statut d’étranger.
Des conditions qui sont impossibles à respecter pour une
Communauté camerounaise qui ne manquerait pas de développer des prétentions à
des droits que les autochtones estiment être les leurs. D’où l’impossibilité
pratique de ce genre de concession.
On ne voit donc pas très bien comment, dans ce Cameroun,
on pourrait promettre à un Bamiléké ayant implanté son usine à l’Ouest chez
lui, le bénéfice d’une concession au Sud pour faire des cacaoyères, au lieu de
passer des contrats avec les Bulu qui sont de gros producteurs de cacao. Ou
tout au moins, qu’il s’associe avec des Bulu du Sud pour faire des plantations,
tout en apparaissant lui-même comme très minoritaire.
C’est un non-sens anthropologique ! Et c’est du reste
très risqué, car même si par extraordinaire, une telle concession était actée,
l’industriel ne pourrait pas exploiter effectivement cet espace ! Bien au
contraire, il déclencherait une violente campagne de xénophobie anti-Bamiléké.
Au regard de cette analyse, on voit donc exactement la
nature de cette opération qui n’est qu’une double escroquerie :
-d’abord, une tentative d’escroquerie de la part du
promoteur qui, derrière le faux prétexte de l’industrialisation tente de mettre
la main sur des espaces fonciers qui constituent leur obsession.
-ensuite, une « frappe » des fonctionnaires certainement
Ekang qui ayant bien vu la cupidité foncière du promoteur et de ses entourages,
en profitent pour les escroquer en leur faisant miroiter l’impossible projet
d’extorquer les terres Bulu.
Suivant la vieille logique des « frappeurs » : tel est
pris, qui croyait prendre !
Dieudonné ESSOMBA